Thursday, November 28, 2013

Jouer aux cowboys et aux indiens



Ça fait que, on commençait à avoir du fun, si vous voyez ce que je veux dire, pis on a décidé d’ajouter un peu de piquant à toute l’affaire en faisant un jeu de rôles. ‘Avait lu ça dans un livre, ou un magazine de filles, ou appris ça dans un camp de Jeannettes, et son idée était :
Moi, le gars, je vais m’habiller comme un cowboy et elle sera une princesse indienne.

« Eh? Indienne? » Que je lui demande, tenaillé par un sentiment de culpabilité tout blanc.
« Ok, ok, ça va! » Qu’elle me répond. « Amérindienne d’origine des premières nations ou quelque chose comme ça alors ».
« OK », que je dis, « c’est quoi le setup? »
« Bon, tu es le cowboy. Et je suis la princesse In… La princesse amérindienne. Tu comprends? »
« Oui oui, je comprends. » Que je dis. « Oh que oui. Pis là? Quoi? »
« Qu’est-ce tu veux dire pis là quoi ? »
« Ben là, t’sé, genre, je suis dehors et je me promène à cheval autour ou quelque chose de même? »
« C’est ça. Dehors, tu te promènes, pis tu fais des affaires de cowboys. »
« Cool, ça commence à être le fun. Quel genre d’affaires? »
« Qu’est-ce tu veux dire? »
« Ben, t’sé, t’as dit que j’me promène pis que j’fais des affaires de cowboy. J’me demande juste quel genre d’affaires. »
« Ça change quoi? T’es dehors, tu te promènes, tu fais des affaires de cowboy, pis là tu me vois. »
« Super » Que j’dis. « J’commence à être vraiment dedans. T’es d’quelle nation? »
« QUOI? » Qu’elle me demande.
« Nation, de quelle nation tu es. T’sé, j’veux dire, on est dans le désert, dans les montagnes, à’ Baie-James, sur la Côte-Nord, sur une plage? C’est quoi l’plan? »
« Ooooh, la plage, ça sonne bien. » Qu’elle me dit. « Alors on fait comme si on y était. »
« Parfait. » Que j’lui dis. « Ok, on est à la plage, tu es une princesse amérindienne… Attends une seconde. »
« QUOI??? »
« Ben, la plage, il y a des cowboys à la plage? J’veux dire, j’sais que pas mal de nations se tenaient là. Mais j’suis pas sûr sûr des détails. »
« Regarde, c’est supposé être un genre de fantasme, un JEU de RÔLES. Tu t’rappelles? On ajoute du piquant à notre vie amoureuse, hein? C’est quoi la différence que ça fait que je vienne d’une nation ou d’une autre et qu’il y ait des cowboys ou non à la plage, hein? C’pas un maudit –ostie d’cours d’histoire, c’t’un jeu de rôle! »
« Ok, ok. » Que je réponds. «  J’sais que c’est juste ça, bon, mais pour que j’puisse arriver à jouer, j’dois connaitre certaines affaires. Ça rend juste les choses plus réelles pour moi. »
« Quelle réalité? Voici tout ce que tu as besoin de savoir. T’es un cowboy. J’suis une princesse indienne. On s’en fout de savoir ce que tu fais, où tu vas, pis ton cheval est de quelle couleur. Tu me vois, OK, pis tu débarques de ton cheval, tu m’arraches mon ti-suit d’indienne pis »
« Whow » Que j’dis. « Attends minute. Ça sonne un peu forcé. T’sé, j’le sais pas comment j’me sens par rapport à ça. Genre, les blancs ont déjà pris ton territoire, détruit ta culture, et moi j’arrive, je débarque de mon cheval direct sur n’importe quelle princesse amérindienne que j’trouve pas pire. J’pas certain que je suis à l’aise avec ça.  J’veux dire, ça fait pas mal comme si j’étais juste… une queue, genre.
« T’es complètement à côté d’la track mon p’tit chou. » Qu’elle me dit. « L’idée c’est pas que tu sois un cowboy politicaly correct’ qui est là pour sauver la nature sauvage pis toute, l’idée, c’est qu’on essaye de s’allumer, faqu’on fait ce petit scénario là. C’est tout, that’s it that’s all. »
« J’le sais… » Que je dis. « Pourquoi est-ce que je pourrais pas, genre, arriver en chevauchant dans votre campement, apporter des médicaments pour sauver ton petit frère-sœur-cousin. Là, après être resté un peu avec vous, après avoir appris à mieux vous connaître toute la gang, on tombe en amour. Pis là, j’dois prouver mon courage à ton père, le chef, en accomplissant un genre de rite d’initiation incroyable, quelque chose de très viril, genre être suspendu à un arbre par mes pecs, manger des champignons, fumer le calumet, accéder au monde des esprits où je trouverais mon animal totem, qui, quelle coïncidence, serait le même que le tien, prouvant ainsi une fois pour toute que nous sommes faits l’un pour l’autre. Pis là finalement, il faut que j’me batte contre le guerrier le plus valeureux et féroce de la tribu dans un combat à mains nues qui nous laisserait tous les deux ben maganés, presque morts. Tu m’acceptes enfin, tu me soignes et je redeviens en santé grâce à un savant mélange d’herbes médicinales et d’incantations aux esprits. Pis quand je me sens mieux, et après une cérémonie de mariage en bonne et due forme, on consomme magnifiquement notre union. »
« Mais t’es quoi au juste? L’homme qui danse avec les loups qui murmure à l’oreille de celui nommé le cheval? C’est un fantasme saint-simonak! OK, Ok, je l’ai. Qu’est-ce’tu penses de ça ? Tu arrives sur ton cheval, je saute d’un arbre, j’te sacre une volée, j’te pète la yeule, je vole ton cheval pis je r’tourne dans mon village sauter le guerrier. Est-ce que c’est plus historiquement approprié pour toi? »
« Ben eh, en fait, j’sais pas vraiment si les femmes étaient admises dans les arbres pis si- »

« Ok, c’est beau. Oublie ça… Ostie… On oublie toute la patente. Pis de toute façon, OD commence dans quelques minutes. »

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